Depuis 2017, l’Ehpad Louise Le Roux à Brest (29) accueille trois étudiants en colocation, en échange de quelques heures de bénévolat. L’objectif : renforcer les liens intergénérationnels et rompre l’isolement des personnes âgées.

Armée de tout son enthousiasme, la deuxième promotion de colocataires vient d’intégrer l’ancien appartement de fonction du directeur de l’Ehpad Louise Le Roux. Pendant 9 mois, en échange d’un loyer modéré d’environ 220 euros, ils se sont engagés à donner 3 heures de leur temps chaque semaine pour les personnes âgées résidentes. Leur mission : proposer des animations, des jeux, des activités et des moments de convivialité, encadrés par Morgane Dimofski, responsable du service animation. 

Un projet d’habitat intergénérationnel

Le projet a germé en 2016, parmi l’équipe de l’Ehpad. « Cet appartement de fonction n’était plus occupé depuis plusieurs années, la directrice s’est donc beaucoup documentée sur des expériences d’habitat intergénérationnel, avec un étudiant en master. Et voici comment l’idée a abouti », explique Morgane Dimofski. Le bel appartement de 3 chambres et 80 m² a été totalement redécoré, repeint et meublé au goût du jour pour accueillir les étudiants dès la rentrée 2017.

Avant d’intégrer la colocation, les trois étudiants qui viennent d’emménager ont passé un petit entretien de motivation. « Nous avons privilégié des jeunes qui ont choisi un cursus lié au médico-social. » Pour plus d’autonomie, ils bénéficient même d’une entrée séparée de celle de la résidence. Dès la rentrée, en fonction de leur planning, l’équipe animation les mobilise pour des missions.

Rompre l’isolement des personnes âgées

Certains horaires sont particulièrement propices aux angoisses ou au sentiment de solitude pour les résidents. C’est pourquoi les animations proposées par les étudiants sont importantes à ces moments-là, entre 17h30 et 18h particulièrement. « Nous avons pu constater les bienfaits de leur présence à ces heures charnières, pour apaiser les personnes qui pouvaient être légèrement désorientées », explique-t-elle. Plusieurs temps forts ont rythmé la première année des colocataires : le nouvel an, pendant lequel l’un des jeunes a proposé une animation, mais surtout la fête des voisins. « Nous nous sommes inscrits en ligne pour participer, j’ai donc reçu des ballons, des tee-shirts. Les étudiants sont allés tracter dans les habitations du quartier et ont proposé les animations de l’après-midi. C’est une expérience que nous allons reproduire. » À la fin de l’année, résidents et colocataires avaient doucement appris à se connaître et noué des liens solides.

" Nous avons constaté les bienfaits de leur présence aux heures charnières, pour apaiser les personnes qui pouvaient être légèrement désorientées. " Morgane Dimofski, responsable du service animation

Un accompagnement professionnel

Morgane Dimofski assure le suivi du projet auprès des étudiants, dès leur recrutement. S’ils ont plutôt la fibre sociale, les colocataires n’ont généralement aucune expérience auprès des personnes âgées. Les premières semaines font l’objet d’une vigilance particulière. « Je reste avec eux en soirée, pour faire le lien avec les résidents qui ne connaissent pas encore les étudiants. » Son rôle également : encourager les bénévoles à faire de nouvelles propositions d’animation. « Parfois, leurs idées ne sont pas tout à fait adaptées, alors on simplifie, mais nous avons besoin de cette énergie, de ces nouveaux projets qui enrichissent notre équipe. » L’une des trois étudiantes de la première colocation a choisi de rester dans l’appartement, elle accueille avec elle deux nouveaux colocataires-bénévoles.