Quelle vie intime, affective et sexuelle pour les personnes âgées LGBT+ ? Dans une note de position, le Cercle vulnérabilités et société met en lumière cette thématique encore tabou et très peu prise en compte dans les établissements de santé. Le think tank formule des propositions pour améliorer le bien vieillir de l’ensemble de la population âgée.

Les seniors LGBT+ sont des « éclaireurs d’une révolution de l’intime ». C’est ainsi que le Cercle Vulnérabilités et Société présente la note de position diffusée en juillet dernier. Le think tank, qui publie différentes notes et études sur les sujets des vulnérabilités, s’est penché sur le vieillissement de la population LGBT+ et la prise en compte de leur vie intime lorsqu’ils vivent en établissement de santé. « Le premier constat que nous faisons c’est qu’il y a un vrai tabou autour de de la vie sexuelle, affective et intime des personnes âgées en établissement. Et celui-ci est exacerbé chez les résidents LGBT+ », indique Mélissa Petit, sociologue et co-rapporteur du rapport. La vieillesse est en effet souvent vécue comme un « dernier placard », pour les personnes LGBT+. « La génération qui vit actuellement en Ehpad a déjà connu un parcours de vie difficile avec des discriminations, des stigmatisations, notamment autour du VIH et du coming out. Ils n’ont pas envie de revivre cela et se retrouvent souvent isolés en vieillissant. La population un peu plus jeune a d’autres aspirations. Ils ont connu une plus grande liberté et ont envie de continuer à pouvoir vivre leur vie en arrivant en établissement. Tout l’enjeu est de prendre en compte le continuum de vie des résidents. ». En établissement, et notamment en Ehpad, la vie intime et sexuelle a encore une place quasi inexistante. Les lits sont souvent individuels, les professionnels sont peu, voire pas formés sur cette thématique. « Nous citons l’exemple d’une soignante qui frappe à la porte d’une chambre, entre avant qu’on ne lui ait autorisé et découvre une résidente en train de se masturber. C’est une situation à laquelle certains professionnels ne savent pas toujours faire face. ». Pourtant, la vie sexuelle, intime et affective des seniors devra être mieux prise en compte avec l’arrivée dans le grand âge des baby-boomers.

32 recommandations

Le Cercle vulnérabilités et société fait ainsi une trentaine de propositions pour faire bouger les lignes. Ils demandent que soit mise en place une prévention et une éducation à la santé sexuelle à tout âge. Cela implique d’admettre que les personnes âgées ont une vie sexuelle et qu’ils ont besoin d’être accompagnés, suivis médicalement et psychologiquement. « Pour cela, il est nécessaire de prendre en compte les spécificités de chaque personne et de proposer des experts sur différentes thématiques comme le VIH, la transexualité, la gynécologie, la problématique de la désinhibition de certains patients atteints de troubles cognitifs… ». Le think tank préconise aussi de mettre en place des lits doubles dans les établissements, de fournir des préservatifs et de désigner des référents en vie affective, intime et sexuelle dans chaque structure. L’enjeu : « créer une culture de la vie affective, intime et sexuelle, un univers bienveillant et permettre de libérer la parole. ». Enfin, la note de position préconise de mieux prendre en compte la parcours de vie des personnes LGBT+. « Les établissements doivent s’adapter et être dans une démarche inclusive de cette population. »

La note de position a été remise en juillet à Élisabeth Moreno, ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes, à la Diversité et à l’Égalité des chances, et à Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’Autonomie. Elle permettra d’enrichir le plan national d’actions pour l’égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+

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Pour en savoir plus :https://www.vulnerabilites-societe.fr/